Avec une classe de 11H, nous avons comme objectif de créer un clip musical.

Un document explicatif a été distribué à tous les élèves dès le début du projet. Par petits groupes (de 2 à 6 maximum), les élèves devaient :

La séquence s'est déroulée en filigrane sur plusieurs mois (un trimestre)

Les clips sont destinés à être montrés aux pairs pour un feed-back entre acteurs d'un même projet.

Les adolescents sont souvent inhibés et souffrent de devoir chanter devant leurs pairs « en live ». 

Je me suis donc creusée la tête pour trouver une manière de les faire oser chanter sans que la contrainte du “live” soit une entrave. 
L'idée de les faire enregistrer en petits groupes m'a parue intéressante car cela leur permet de s'affirmer devant quelques camarades et non pas devant une classe entière, ce qui est un exercice moins impressionnant.

L'idée de coupler cet exercice vocal avec un exercice de création visuelle m'a parue intéressante, car les jeunes aujourd'hui sont plongés quotidiennement dans les tubes actuels et dans une culture hyper-médiatisée. 

Ils peuvent donc s'essayer à la pratique de création de clips, être acteurs et non plus uniquement consommateurs, et comprendre ainsi les différentes étapes de réflexion/d'action y relatives.

Le numérique permet donc une liberté appréciée par les élèves et cela me permet de les évaluer quant à leurs qualités réflexives, vocales et organisationnelles.

Dans ce projet, il est essentiel de pouvoir structurer l'activité en étapes claires et compréhensibles pour les élèves. Il faut aussi être capable de faire un montage sur Imovie et pouvoir l'expliquer aux élèves. Je dois également pouvoir recadrer les élèves qui n'auraient pas de ligne directrice, les aider à se lancer, leur donner des pistes de réflexion.

Concernant la chanson, je peux les conseiller sur la tessiture adéquate ou une modification du tempo, selon leurs besoins.
Il me faut enfin une capacité de régulation bien aiguisée, afin qu'aucun groupe ne reste "sur la touche".

Cette séquence touche une multitude d'objectifs issus du PER. Elle est donc riche et tout à fait adéquate.

- en participant à la création et à l'interprétation d'une œuvre musicale

- en reproduisant, en réalisant ou en inventant des mouvements (chorégraphie)

- et en utilisant diverses technologies de traitement du son (audacity, autotune, …)

- en écoutant et en reproduisant des sons, des mélodies, des rythmes

- en prenant conscience de la simultanéité des sons

- en utilisant la voix pour réaliser un projet

- en variant les usages de la voix (pose de voix)

- en utilisant des techniques audio-visuelles et numériques

-Choix et présentation de productions d'élèves (chansons, chorégraphies,…)

-Découverte des différents éléments entrant dans la composition d'un message médiatique (texte, image fixe, image en mouvement, animation interactive, son,…)

-Découverte des éléments de base qui rentrent dans la composition d'une image fixe ou en mouvement (cadrage, couleurs, lumière,…) et du rapport entre l'image et le son

- Production de réalisations médiatiques à l'aide de l'enseignant (affiches, photographies, enregistrements sonores, séquences filmées, animation à l'ordinateur,…)

- Sensibilisation à l'utilisation d'une messagerie pour communiquer 

- en vérifiant les informations reçues des médias et en en produisant selon les mêmes modes

-en prenant une part active et des responsabilités dans un projet

-en élaborant les étapes du projet, en recourant aux ressources pertinentes et en les évaluant

-en négociant une décision commune tout en tenant compte des intérêts et des besoins particuliers

- en distinguant et en confrontant les intérêts d'une collectivité et son intérêt individuel

- Mise en évidence de situations où l'intérêt individuel correspond ou non à l'intérêt commun et analyse des avantages et désavantages d'une concession consentie par l'individu

- en cernant ses préférences, ses valeurs, ses idées, en les confrontant et en acceptant celles des autres

Ce projet favorise également la pensée créatrice, la démarche réflexive et la collaboration (capacités transversales) telle que décrite dans le PER

Mon rôle dans ce projet est de structurer le projet, dans le fond et la forme, d'expliciter clairement ce qui est attendu des élèves au moyen d'un document de référence et avec des explications orales complémentaires. Je dois en outre suivre consciencieusement le cheminement des élèves, les rediriger le cas échéant, les encourager et les rassurer (évaluation formative - feedbacks réguliers).

Je dois m'assurer que chaque élève se sente inclus et à l'aise dans son groupe et qu'il n'y a aucune mise à l'écart et apporter des outils concrets aux élèves qui seraient "bloqués" dans leur processus créatif (exemples, propositions, conseils, mises en garde, etc.)

Le rôle des élèves est très actif dans cette séquence. Ils doivent beaucoup échanger sur leurs visions et leurs réflexions, se partager les tâches, organiser le travail sur le long terme en vue d'une échéance fixée. Ils sont les acteurs de leurs projets et doivent se mettre en scène vocalement et éventuellement visuellement (apparaître en personne dans le clip n’était pas obligatoire). Ils sont donc amenés à gérer ce projet de la manière la plus autonome possible.

Le rôle du numérique est indissociable de ce projet, il le permet. 
L'application dictaphone amène une possibilité d’auto-critique et une facilité d'enregistrement inégalable. Youtube permet de trouver en quelques secondes une version instrumentale d'une chanson, et Imovie permet un montage personnalisé.

Le numérique guide et canalise le travail fourni par les élèves et permet une réalisation audio-visuelle concrète, qui apporte de la satisfaction lors de sa réalisation.

En outre il est utile de préciser que sans portables, les élèves ne pourraient pas faire ce type de projet, c'est donc en m'alignant sur les habitudes des adolescents (jamais sans leurs natels) que j'ai organisé cette séquence.

Dès le début du projet, j'ai donné aux élèves les critères d'évaluation. Voici la grille d'évaluation que je vais utiliser

La note est la même pour le groupe, et non pas individuelle, sauf cas exceptionnel. Si un élève ne se montre pas collaboratif avec son groupe, je demande aux élèves de venir m'en parler. Durant les leçons je veille discrètement à ce que personne ne soit inactif.

J'ai effectué cette séquence uniquement avec des classes de 11H, car ils sont déjà bien plus autonomes et débrouillards au niveau de leur développement moral et cognitif.

Durant les cours consacrés à ce projet, j'ai découpé la leçon en deux activités, l'une devant être faite en classe (pratique instrumentale) par le premier groupe pendant que l'autre groupe avançait sur leurs clips. Après 20 minutes nous échangions.

J'ai décidé de me tenir à disposition des élèves à 100 % durant une ou deux leçons entières, pour leur expliquer le montage sur Imovie s’ils le désirent. En dehors de cela, je choisis de ne pas prévoir de cours à proprement parlé sur Imovie, ou l'utilisation de l'application Dictaphone. 

La séquence d'enseignement a débuté mi-décembre, pour se terminer mi-mars. Elle s'est insérée en parallèle avec d'autres activités, dont de la pratique musicale en groupe, et la réécriture des paroles d'une chanson.

Cette année j'ai pris le parti de ne pas faire de tests de chant aux 11H sous la forme habituelle (faire chanter les élèves seuls ou par deux devant les autres), mais de les « déguiser » sous forme de clips. Cela me permettra en outre de découvrir les voix d'une manière originale, de pallier au problème du trac et des blocages des élèves, et surtout, de me laisser surprendre par la créativité et l'originalité de ces adolescents.

La planification et les échéances étaient clairement explicitées dès le début dans le document de référence pour les élèves.  Lors du feed-back je pourrai analyser si le planning prévu était réalisable.

L'organisation en classe est un peu complexe à cause de la logistique. Les élèves souhaitent pouvoir enregistrer dans un endroit à part, pour ne pas que les autres entendent ou parasitent leur enregistrement.

Je prends donc la décision de les laisser aller à divers endroits du collège, en leur donnant une heure de retour à respecter et en contrôlant leur travail par la suite.

Une autre difficulté est due au manque de réseau sur les natels des élèves, qui se plaignaient de ne pas pouvoir se connecter à internet pour avoir les paroles de la chanson ou la bande instrumentale. La salle de musique se trouve en effet au sous-sol et a peu de réception niveau réseau.  Les laisser aller à divers endroits du collège permet aussi de remédier à ce problème.

Je les ai en outre encouragés à télécharger la musique en avance pour l'avoir dans leur natel sans que cela nécessite l'accès à internet.

En dehors de ces deux problèmes, l'organisation se déroule plutôt bien, et le fait de faire confiance aux élèves a été pour moi une étape intéressante à franchir.

Conclusion
J'ai pris un grand risque pour mettre en route cette séquence que je n'ai jamais faite auparavant et que j'ai imaginée de A à Z. Cependant, je pense que cela est une séquence très formatrice et enrichissante pour les élèves, qui doivent être actifs du début à la fin du projet. Cela mobilise une multitude de compétences et demande une grande responsabilisation de la part des élèves.
L'hétérogénéité des petits groupes promet un résultat sans doute surprenant, que je me réjouis de découvrir.
Ce projet est pour moi une nouvelle manière d'enseigner, en étant à disposition des élèves et non pas en leur faisant un cours unilatéral ou en leur imposant mes idées. Je fixe un cadre dans lequel ils sont totalement libres d'évoluer, tout en restant garante de la sécurité et du bon déroulement du projet.

CREATIONS D'ELEVES :
https://www.scolcast.ch/episode/sequence-sur-le-clip-musical-creation-deleves-1
https://www.scolcast.ch/episode/sequence-sur-le-clip-musical-creation-deleves-2
https://www.scolcast.ch/episode/sequence-sur-le-clip-musical-creation-deleves-3