msMITIC 2019

Leçon Zoom

28.05.2020

Ferreira Henriques avatar. Ferreira Henriques

Article MITIC

  1. Introduction 

En raison des fermetures des écoles en mars dernier, il a rapidement fallu mettre en place un moyen qui permette aux élèves de continuer à étudier à distance. Afin de maintenir le lien social et donner la possibilité aux élèves d’avoir des cours dans les meilleures conditions possibles, je les ai invité à installer une application qui se nomme zoom. En effet, je réalise actuellement un stage B en histoire et ai sous mon aile 5 classes: 9G2, 9G3, 9P3, 9P4 et 10G1. Pour cela, j’ai dans un premier temps crée un groupe watsapp pour chaque classe, afin de m’assurer qu’ils avaient tous un téléphone ou un ordinateur à disposition et m’assurer que cette manière de faire ne leur posait pas de problème (ainsi qu'aux parents). Dans un deuxième temps, nous avons procédé à une phase test avec les élèves afin de s’approprier l’application. Il nous a ensuite été possible de réaliser un enseignement à distance. Réalisant déjà mes leçons à l'aide d'un Beamer, j'avais déjà à disposition un PowerPoint (application qui permet de montrer des diapositives que j'ai réalisées) qu'il m'a suffit de partager lors des vidéoconférences. Enfin, soulignons encore que la Direction scolaire a proposé aux enseignant.es l’utilisation d’un agenda en ligne: TeamUp. J’ai alors pu communiquer avec les élèves à travers cet outil, pour donner les devoirs, transmettre les consignes et corrigés, en plus de l’application zoom, ce qui m'a permis de supprimer les groupes watsapp qui pouvaient constituer une surcharge au niveau des flux d’informations. 

  1. Anticipation 

L’utilisation de l’application zoom permet aux enseignant.es de maintenir un contact avec ses élèves au moyen des nouvelles technologies. Les compétences requises sont le fait de savoir télécharger une application sur internet (enseignant.es et élèves). Pour ce qui est de son utilisation, zoom est très simple à employer et des tutoriels existent sur le site de l’application. Certains collègues ont toutefois été réticent.es à l’utiliser, je me suis alors proposée pour les aider et leur ai transmis le lien de ma capsule vidéo. En effet, j’étais conquise par ses bienfaits puisqu’il était possible de suivre les apprentissages des élèves attendu que l’on peut se diriger directement à eux malgré les distances spatiales. 

voici le lien vers le tutoriel que j'ai fait: 


L'utilisation de zoom n'était pas le seul choix envisageable, la preuve étant que d'autres enseignants ont fait l'école à distance différemment. En ce qui me concerne, lors de la première semaine, j'ai commencé par faire un essaie zoom avec une classe afin de voir les résultats. Par conséquent, il a fallu donner du travail aux autres. Chez ma classe 10G1, j'ai par exemple transmis des exercices à faire au moyen d'un document PDF que je leur ai envoyé par mail (la maîtresse de classe nous avait fourni une liste de tous les mails de la classe). J'avais demandé aux élèves de me faire parvenir leurs exercices une fois terminés par mail (boîte mail éducanet2.ch). Mais rapidement plusieurs problèmes sont survenus: il m'était impossible de me connecter et donc recevoir les mails (surcharge educanet2.ch), et lorsque je me suis enfin connectée force a été de constater que pas tous les élèves avaient réalisé le travail demandé. Concernant les copies que j'ai reçu, j'ai rapidement détecté des lacunes informatiques concernant notamment l'utilisation de Word ou Pages, certains élèves ont eu beaucoup de peine avec la mise en page ou même l'enregistrement de leur document. Enfin, le fait de corriger individuellement chaque copie aurait entrainé une charge de travail très conséquente, je n'aurais certainement pas tenu cette méthode sur le long terme. 

Certains enseignant.es ont opté pour la réalisation de capsules vidéos, notamment en maths car il faut montrer certaines procédures en géométrie par exemple. Je trouve cette manière de faire intéressante mais dans le cadre de l'histoire, je la trouve moins pertinente, car faire la correction d'une source donne lieu à plusieurs interprétations et les échanges enseignant.es - élèves sont dans ce sens essentiels. 

  1. Pédagogie

La place du numérique dans notre société est omniprésent. L’utilisation de l’application a donc permis de maintenir le lien entre les eneignant.es et les élèves malgré le fait de ne plus pouvoir se trouver dans une même pièce. Il a par conséquent été possible de continuer à transmettre les connaissances scolaires, guider les élèves dans leur processus d’apprentissage et surtout maintenir le lien social. 

Utilisant déjà un PowerPoint ( application qui permet de diffuser des diapositives à l'aide d'un Beamer par exemple) lors de mes cours, j’ai simplement partagé mon écran lors des séances zoom. Pour ce qui est des interactions, il est évident qu’elles ont souffert de la distance imposée, mais l’application offre la possibilité de faire apparaître les participants sous forme de galerie et les élèves pouvaient à tout moment se manifester. Enfin, grâce à l’application, j’ai pu faire des corrections en temps direct et réajuster si besoin les savoirs des élèves. 

  1. Planification 

L’objectif était donc le maintien des cours malgré la distance imposée. Etaient nécessaire un téléphone, ou un ordinateur, et une connexion internet. Dès le départ, j’ai prévu une grille horaire avec les classes (soit pour travailler seuls ou pour faire des séances zoom). Lors des séances zoom, les élèves étaient priés de se mettre en muet pour éviter les bruits de fond, et mettre le micro en cas de questions ou pour prendre part à la leçon. Parallèlement, les élèves avaient le matériel scolaire habituel, à savoir un dossier d’élève et les fiches d’exercices. 

 PER histoire : 
SHS:32 - Analyser l’organisation collective des sociétés humaines d’ici et d’ailleurs à travers le temps… 
  • en examinant les manifestations de la mémoire et leurs interactions avec l’histoire. 
  • en analysant les différentes conceptions des relations entre individus et groupes sociaux à différentes époques.
  • en distinguant les faits historiques de leurs représentations dans les oeuvres et les médias. 
  • en associant de manière critique une pluralité de sources documentaires. 
  • en dégageant l’influence du fait religieux sur l’organisation sociale.

PER MITIC: 
L1 38 – Exploiter l’écriture et les instruments de la communication pour collecter l’information, pour échanger et pour produire les documents...

  1. Déroulement et évaluation 
 Voici un exemple d’une leçon réalisée au moyen de l’application zoom. Cette leçon a été menée avec mes élèves de 9P3 puis 9P4.

L'objectif de ma séquence était de questionner les élèves sur : "Comment représenter les peuples barbare?" ce qui répond aux objectifs du PER qui dit :
SHS 33 : Analyser l'organisation collective des sociétés humaines d'ici et d'ailleurs à travers le temps…

Il m'a ainsi été possible de démontrer aux élèves que la représentation des peuples barbares est à nuancer en fonction des sources que l'on a à disposition. Il faut en effet avoir un regard critique et confronter différents points de vue pour avoir une vision plus globale de la réalité. Cet apprentissage est essentiel pour développer un esprit plus critique, notamment dans leur vie quotidienne puisqu'ils sont assujettis à un flux d'informations qu'ils doivent apprendre à trier afin de déceler le vrai du faux.

A travers les différents sous-chapitres nous avons essayé de répondre à la question: "Comment représenter les peuples barbare?". Dans ce qui va suivre, il s'agissait du sous-chapitre qui porte sur la question de la migration ou invasion des peuples barbares.

La séquence a été prévue comme suit:

Capture d’écran 2020-05-16 à 10.27.23.png 133.42 KB


Explications du déroulement des leçons de manière plus détaillée: 

A la fin d’une séance zoom, j’ai pris 5 minutes pour demander aux élèves de créer des groupes de 5 élèves maximum afin qu’ils puissent réaliser un travail de groupe à distance. Je leur ai ensuite expliqué que la suite du travail allait se dérouler en trois temps: le premier où ils devraient réaliser un travail de manière individuelle, le deuxième, où ils devraient collaborer par groupe, et un troisième où nous ferions une séance zoom afin de faire une mise en commun collective. A la fin de la séance zoom, ils ont fait un essai entre eux et m’ont confirmé qu’ils étaient tous parvenus à faire une séance zoom en petit comité. 

J’ai alors transmis les consignes des exercices via l’agenda en ligne TeamUp: 
Phase 3: Mise en commun collective au moyen de zoom
Lors de la phase 3, nous avons fait une séance zoom avec l’ensemble de la classe. J’ai alors pu interroger l’ensemble des groupes afin qu’ils transmettent leurs réponses. Les interactions étaient moins dynamiques que lorsque nous étions en classe, un présentateur avait été désigné préalablement, c’est lui qui était chargé de prendre la parole au nom du groupe.
   

Les réponses ont ainsi été transmises en temps direct, ce qui m’a permis de réajuster/ confirmer les savoirs et éclairer les élèves qui avaient des doutes. Il m’a suffit ce créer des diapositives au fur et à mesure pour noter les réponses des élèves. Dans l’ensemble, cette leçon s’est extrêmement bien déroulée, les élèves ont eu du plaisir à travailler par groupe et le résultat était tout à fait correct. De plus, j'ai pu constater leur apprentissage à travers leur propos/discussion que nous avons mené ensemble. En effet, à travers la confrontation des différentes sources, ils ont été capables d'expliquer qu'en fonction du contexte, l'arrivée des peuples barbares est soit une migration une invasion et que de là découle une représentation qui peut aussi être différente. 

Si l’utilisation de zoom a permis le bon déroulement de la séquence décrite ci-dessus, cela n’a pas toujours été le cas. En effet, j’ai essayé de faire cette leçon dans une classe parallèle dont le résultat a été moins glorifiant. Tout d’abord, lorsque j’ai proposé de faire des groupes, certains élèves s’y sont opposés, j’ai donc accepté qu’ils le fassent eux-mêmes (le but étant qu’ils collaborent et qu’ils prennent du plaisir à le faire en ces temps de confinement). Mais les tensions qui existaient déjà au sein de la classe semblent avoir rejailli car certains élèves se sont retrouvés exclus lors de la création des groupes, j’ai alors dû intervenir et former moi-même les groupes (en suivant la liste de classe). Ensuite, une élève de la classe, qui a déjà beaucoup de peine à suivre les cours en présentiel, a fini par ne plus participer aux séances zoom car elle avait trop de peine à organiser son emploi du temps. 

Autre critique pouvant être faite sur l’application dans le cadre de l’enseignement est le fait qu’au début je ne la maîtrisais pas encore très bien. Lors d’un cours, il m’est arrivé qu’un élève réalise des dessins inappropriés alors que je partageais mon écran. J’ai alors rapidement dû trouver comment y remédier. Enfin, j’ai dû compter sur l’autonomie, la responsabilité de chaque élève pour qu’ils soient présents aux séances. 

  1. Education aux médias

En somme, je trouve l’utilisation de zoom excellente malgré quelques coquilles en cours de route. En effet, les difficultés qu’avaient déjà certains élèves ou les tensions préexistantes avaient tendance à ressortir un peu plus avec l’utilisation des outils numériques tels que zoom ou watsapp. 

Malgré tout, son usage m’a séduite, car je considère qu’elle a permis de pallier aux inégalités sociales qu’il peut y avoir au sein des classes. J’ai effectivement pu continuer la transmission des savoirs de manière égale pour l’ensemble des élèves. Je craignais en effet que certains élèves ne soient laissés à l’abandon, cette application m’a donc permis de maintenir un contact avec eux. Les élèves aussi se sentaient rassurés à l’idée de maintenir le lien à travers l’application. 

Concernant le vif débat au sujet des protections des données, l’ensemble des élèves avaient déjà un compte watsapp ou instagram, donc cela ne les a pas plus dérangé. Lors des séances, aucun élève n’était astreint à se montrer, je leur demandais toutefois de mettre la caméra (quand c’était possible) dirigée vers le plafond pour m’assurer de leur présence et vérifier qu’ils comprenaient ce que je disais (en montrant le pouce vers le haut). 

Concernant les élèves avec des besoins particuliers, j’ai une élève DYS qui utilisait déjà un ordinateur en classe, ce changement ne l’a par conséquent pas impacté. Les élèves qui avaient déjà de la peine en classe, n’ont pas hésité à m’écrire en privé afin de clarifier les éléments qu’ils ne comprenaient pas. Dans tous les cas, ces leçons avaient pour but de consolider des savoirs, il a donc été surtout question de révision et non d’introduire de nouveaux contenus. L’application a dans ce sens rempli sa mission. Enfin, il est vrai que j’ai été plus sollicitée qu’en temps normal, mais chacun a rapidement trouvé un équilibre.